La grandiosa utopio

Ma nouvelle
Les Cosmiques

Écrite en novembre 2022, cette nouvelle est le produit d’un jeu dont voici la règle : écrire une histoire à partir du groupe d’enfants décrit ici (à ne lire que pour jouer également). Le but était de faire intéragir beaucoup de personnages.

Les Cosmiques

4P – Allô les bizarres; ici la Terre ! Répondez. Ici la Terre !

L’automne est une saison magnifique. Les arbres prennent d’incroyables couleurs, les champignons sortent du sol et beaucoup de fruits se montrent mûrs à point. Jusque-là, il avait beaucoup plu, mais ce n’était pas grave, il y avait classe. En ce vendredi d’école exceptionnellement fermée, la brume matinale a décidé de laisser place à un grand soleil et, de porte en porte, les Cosmiques se sont réunis pour passer l’après-midi à la planque. Il s’agit d’une cabane à seulement deux mètres de haut, dans un arbousier dont le feuillage persistant est idéal pour rester caché, même en hiver quand ses baies seront rouges. 4P (prononcé Fourpi), Candy, Blue Ray, Jonathan, les Sœurs Lumière et Brume sont à l’intérieur, tandis qu’Alaska se tient assis sur la toiture. De cet emplacement, quelques trous dans la végétation offrent une vue complète sur la clairière. Pour accéder au palier, une corde dotée de plusieurs nœuds permet de se hisser jusqu’à la première charpentière, et de là, il suffit de passer de branche en branche. Les parents de ce groupe d’enfants de huit à onze ans les laissent souvent s’y amuser seuls ; ce n’est pas très dangereux et leurs maisons ne se trouvent qu’à environ six minutes à vélo. Cosmo, le fidèle compagnon d’Alaska ne peut monter, alors il reste proche du tronc. Le husky est la mascotte de la bande, lui donnant son nom. Il tourne joyeusement autour de l’arbre et des huit bicyclettes. Parfois, il court un peu à la poursuite des papillons en remuant la queue. Il semble les adorer. C’est un très bon chien !

4P – Un, deux, un, deux. Est-ce qu’il y a quelqu’un ? Ici la Terre ! Je répète… Ici la Terre !

Sentoline – Ceci est un télescope ! Inutile de hurler dedans comme ça, 4P. Personne ne t’entend, tu sais.

4P – Ouais, je sais.

Jonathan – Ah la la. Pourquoi il ne marche pas ?

Blue Ray – Y a tellement d’étoiles à voir.

Jonathan – C’est sûr, on loupe quelque chose ! Mais aussi, on doit rentrer avant la nuit, alors…

Candy – Faudrait que je le répare quand même.

Jonathan – On dirait qu’il a servi à jouer au baseball. J’crois pas que tu pourras.

Candy – C’est vrai, il est tout cabossé, même tordu.

4P – Là-haut, au rapport ! …J’ai dit : au rapport !

Alaska – Hum ? Ah ! Rien en vue !

4P – Tu serais pas en train de pioncer par hasard ?

Alaska – Euh, non. Je médite !

4P – Qu’est-ce que c’est que ça ?

Sentoline – C’est lorsque tu fermes les yeux, mais que tu ne dors pas. Et aussi, il faut essayer de ne penser à rien et même, qu’en principe, il ne faut même pas essayer ! Enfin bref, il est nécessaire d'être expérimenté pour y parvenir.

Brume – Ou mort.

4P – Ouais, je sais, bon. Je suis pas sûr, mais monter la garde, ça se fait les yeux ouverts, non ?

Candy – S’il roupille, on aura un supplément de deux boules coco tout à l’heure.

4P – Après partage, y aura que des miettes.

Alaska – Eh, je vous signale que c’est ma mère et moi qui sommes allés les chercher à Mammouth !

4P – Mamie écrase les prix et…

Tous – Mammouth écrase les prouts !

Cosmo – Wouf !

Alaska – Oh ! Y a du mouvement là-bas.

Serpentine et Sentoline – Où ça ?

Alaska – Côté village.

Les Cosmiques en alerte attendent un visuel plus précis de la situation. Derrière la vigne, les buissons, les chênes et les faux acacias en bord de clairière, ils ne perçoivent que les sons du bois tapant le bois ; un bruit plutôt menaçant qui devient de plus en plus fort, car de plus en plus proche.

Jonathan – Des chasseurs ?

Alaska – J’pense pas. Ils feraient moins de boucan.

Jonathan – Bof, tous autant qu’ils sont, ils ne sont pas très futés.

Brume – La faucheuse ?

Alaska – Dans tes rêves, Brume.

4P – Oh purée, je sais !

Tous – Qui ?

4P – Pas sûr, mais mieux vaut retourner près des bécanes.

Jonathan – Mais qui ?

Serpentine et Sentoline – Oui, qui ?

4P entreprend rapidement la descente de l’arbre qui y perd quelques fleurs au passage. Le reste de la bande s’empresse de le rejoindre en apportant son soutien aux Sœurs Lumière, plus petites. De plus, leurs robes et l’impératif besoin de les préserver de la moindre salissure – une requête de leur mère – n’aident pas.

4P – Allez, magnez-vous !

Jonathan – C’est bon, c’est bon. On arrive.

Alaska – Je te lâche, Sentoline. Attention à la branche, là.

Sentoline – Merci.

Jonathan – Vas-y, je te réceptionne. Après, on fait pareil pour toi, Serpentine.

Soudain, de la forêt retentissent des paroles plus ou moins chantées.

? – On sait que t’es dans les parages le nabot. Toi et ta petite bande, on va vous passer au rabot !

Quelques rires abusés de l’auteur s’en suivirent.

Brume – Il n’a pas l’air angélique celui-là. Qu’est-ce qu’il nous veut ?

Serpentine – Nous passer au rabot, si j’ai bien compris. Quelle idée saugrenue !

4P – C’est Damien, un grand couillon de notre école. Il a redoublé trois fois et il est furax !

Sentoline – Trois fois ? Comment peut-on redoubler trois fois avant le collège ? C’est statistiquement inouï !

Jonathan – On élucidera le mystère plus tard. J’crois que là, ça craint. Qu’est-ce t’as encore fait, 4P ?

4P – J’lui ait foncé dans le lard ! Il a dit qu’on était qu’une bande d’impubères ou je sais pas quoi. J’ai pas toléré.

Jonathan – C’est du 4P tout craché.

4P – Ouais, ben il a qu’à pas nous insulter. J’laisserai jamais faire ça !

Sentoline – Pouvons-nous dire que c’est une insulte, quand c’est vrai ?

4P – Quoi ? M’enfin, il m’a aussi frotté le menton ! Ça m’a pas plu. Mais alors pas du tout !


Damien – Ils sont là ! Venez les gars !

Le vélo du grand couillon n’a rien d’une bécane. Il a dû encore faire le pitre avec le sien et s’est senti forcé de prendre celui de sa petite sœur. La hauteur selle-pédales ne convient absolument pas à la taille de ses jambes et le panier rose à l’avant constitue un signe supplémentaire. Les Cosmiques voient alors surgir de l’orée deux bicyclettes similaires aux leurs, montées par des collégiens équipés de bâtons.

Candy – Ils roulent vite !


Damien – Choppez-les !

Alaska, Candy et Blue Ray sautent de leurs positions. Ils font souvent cela et savent se réceptionner.

4P – Allez, allez, allez. On file à l’autre planque !

Serpentine – Eh non ! Nous n’avons plus le droit d’y aller Sentoline et moi.

Blue Ray – Pareil pour moi. La casse, c’est trop dangereux.

4P – Ah ouais, c’est vrai. Bon, pas grave, suivez-moi. On va longer les rochers pour retourner au village par l’autre côté. On traîne pas, OK ?

Tous – OK !

Alaska – Avec Cosmo, on passe en arrière.

Une course poursuite dans le bois opposé s’ensuit. Le terrain est accidenté et en légère pente. Les collégiens roulent plus vite que les Cosmiques, mais ils perdent parfois leur piste. Les feuilles mortes couvrent la boue et donc les traces de roues et les empreintes de Cosmo. De plus, le sol devient de plus en plus rocailleux et ils doivent regarder où ils mettent les pneus.

Loin en contrebas, Damien reprend son souffle. Il distingue ses acolytes qui cherchent, tandis que ses ennemis avancent vers les grandes pierres.

Damien – Youhouuu, je vous vois ! Les gars, ils sont un peu plus haut, ils longent la crête.

En partant, Damien s’imaginait que son moyen de transport ferait l’affaire, mais il est vraiment trop inconfortable. Il en descend, sort son sac à dos du panier et, d’un coup de pied, dégage la bicyclette dans les flots tumultueux de la rivière. Voilà que sa petite sœur peut dire au revoir à son cadeau de Noël. Cette simple pensée dessine la satisfaction sur son visage et il se met à courir. Ses grandes jambes lui permettent d’être très rapide.

4P – Ça roule, derrière ?

Blue Ray – On dirait. Les Sœurs Lumières y arrivent. J’ai vu un bel écureuil. J’aurais bien aimé m’arrêter pour le regarder.

4P – Si tu t’arrêtes, tu pourras plus jamais en voir mon pote !

Jonathan – T’exagères pas un peu, 4P ?

4P – Non. Croyez-moi, c’est des fous. Quand il est tombé l’autre guignol, il m’a dit que j’allais crever. Y avait comme une lumière bizarre dans ses yeux. J’avais pas compris sur le coup, mais maintenant c’est évident, c’est un vrai détraqué !

Sentoline – Pourrons-nous… traverser… la rivière ?

Serpentine – Avec la pluie… des derniers jours… je me demande aussi.

Jonathan – Merdouille ! Laisse passer, 4P. J’vais en éclaireur vérifier ça et je reviens.

Candy – Gardez votre souffle les Sœurs Lumière.

Effectivement, la suite du chemin est condamnée par les eaux déchaînées. Jonathan en conclut qu’il leur sera impossible de franchir cet obstacle.

Arnaud – Damien, tu les vois toujours ?


Damien – Non, y a trop d’arbres là, mais j’arrive. Ils sont forcément coincés là-haut.


Arnaud – OK. On cherche en t’attendant.

Grégory – On est d’accord qu’on leur fout juste la trouille et qu’on repart après ?

Arnaud – Euh ouais, ouais, bien sûr.

Grégory – Très bien. Moi, tout ce que je veux, c’est monter la tente dans le parc, comme prévu au départ.

Arnaud – Je sais, moi aussi. Puis on ne peut pas faire attendre trop la bière !

Grégory – Ah ah ah, on se comprend ! Mais… Il ne va pas se calmer l’autre.

Arnaud – Ouais, je sais bien, je sais bien. C’est pour ça que le mieux est de trouver vite fait les mioches, qu’on en parle plus.

Grégory – Je te préviens que s’il fait chier, c’est plus mon frère. Basta !

Damien – Eh, j’ai des infos sur toi frérot, n’oublie pas.

Grégory – Merde, t’es déjà là !?

Damien – Eh ouais.

Grégory – T’as fait quoi du vélo d’Anne ?

Damien – Ça te regarde pas.

Grégory – Putain, t’es un boulet !

Damien – Répète !

Arnaud – Oh là, calmez-vous les frangins.

Damien – Bon, ils sont où ?

Arnaud – J’sais pas. J’suis allé au bout du chemin et ils n’ont pas pu passer la rivière.

Grégory – Ils ne sont donc qu’entre ici et la rivière.

Damien – Vous entendez les morveux, vous êtes fait comme des rats ! Quand vous sortirez d’votre trou, on sera là.

Grégory – Mais non, quoi ! On retourne au parc.

Damien – Attention Grégory, attention…

Arnaud – On a qu’à camper sur le côté. C’est pas mal, puis la pierre est sèche et chauffée par le soleil.

Damien – J’allais le dire !

Il y avait un trou dans la roche invitant les Cosmiques à s’y engouffrer. Devant, de grandes pierres plates leur ont permis de dissimuler l’entrée très vite.

Jonathan – Chhuuut !

Candy – Ils sont juste là. Je vois leurs pieds.

Serpentine – Pfiou, on a eu chaud.

Jonathan – Oui, c’était moins une. Faut boucher tous les trous, sans bruit. Si on reste discret, tout ira bien.

Alaska – Je vais allumer mes phares, on y verra plus clair.

Brume – Laisse les ténèbres en paix.

4P – Vous sentez ?

Alaska – Oui, malheureusement…

4P – C’est quoi ? Un pet foireux ?

Alaska – Non, 4P. Une bête crevée, je dirais.

Brume – Hum, du vomi de goule ?

Sentoline – Cela est un peu rance, un peu sauvage, avec une pointe de fromage.

Blue Ray – Non, merci. Ça sent pas bon.

Candy – Voilà. Il fait tout noir.

Alaska – Alors, j’allume ?

Brume – Si on réveille les chauves-souris, ça risque de ne pas vous plaire.

Serpentine – Des chauves-souris ? Quand allons-nous pouvoir sortir ? Il faut que nous soyons à la maison avant le coucher du soleil.

4P – Envoie la sauce, Alaska. J’dois vérifier sous mes grolles, c’est pas possible cette puanteur !

Alaska – Bien.

Lumière faite, aucun rongeur volant ne s’affole. L’éclairage révèle les parois de la grotte de basalte sur lesquelles glisse encore l’eau absorbée par le substrat des mousses et sébums vivant sur la couronne de pierres. Les semelles de 4P n’hébergent rien de suspect et il en est de même pour celles de ses amis. L’effluve est dans l’air, c’est comme ça. Cosmo aussi ne l’apprécie pas ; il est allongé, la truffe fourrée dans les poils de ses pattes avant. C’est un très bon chien ! Les Sœurs Lumières s’accroupissent pour le caresser. Blue Ray les imite. Cela leur apporte un réconfort dont ils ont bien besoin, car être enfermé dans cette salle les effraie plus qu’un peu. Brume est occupée par de sombres pensées. Même ses plus proches amis ne semblent pas la considérer comme elle le souhaiterait. Elle se dit qu’elle ne devrait peut-être plus parler, que son humour n’est pas drôle. Elle remarque sa main tirer sur sa cape noire et décide de la retirer de ses épaules. C’est ridicule. Elle la dépose en boule sur le sol.

Alaska – Regardez. Il y a comme une fissure là-bas.

Blue Ray – C’est peut-être la maison d’un ours ici.

Jonathan – Ça expliquerait l’odeur.

Alaska – Je crois qu’il y a plus d’ours depuis longtemps. Puis Cosmo aurait flairé le danger.

4P – Même à travers cette puanteur ?

Alaska – Ah ! Peut-être pas en fait. Mais c’est quasi sûr qu’il n’y a pas d’ours ici.

Candy – Je confirme ! Ça sentirait le miel.

Alaska – Oui, euh… Peut-être. Je vais voir de plus près s’il y a un passage.

Serpentine – Toi aussi tu as peur, Brume ? Viens grattouiller Cosmo avec nous.

Brume s’approche du chien tout doux. Elle ressent quelque chose qu’elle n’identifie pas, mais trouve cela très agréable. Cosmo se redresse et se jette dans ses bras pour un câlin.

Serpentine – Eh bien. Tu devais vraiment avoir les chocottes pour que Cosmo te console ainsi. Moi, ce sont surtout les araignées qui m’inquiètent. J’ai trop peur ; elles ont quand même beaucoup d’yeux.

Blue Ray – J’aime pas beaucoup les araignées, mais ce qui me fait peur en ce moment, c’est l’effet que peut avoir cette drôle d’odeur à l’intérieur de moi. J’imagine qu’elle est chargée de microbes qui vont me manger dans le ventre.

Sentoline – Bwaah. Quelle drôle d’idée. Je n’avais pas pensé à cela.

Brume – Tu as peur de quoi, Sentoline ?

Sentoline – Cela est bête, complètement irrationnel, je le sais. Je crains le noir.

Blue Ray – J’avais peur du noir aussi, avant.

Sentoline – Comment as-tu fait pour te débarrasser de cette phobie ?

Blue Ray – J’imagine juste qu’il fait jour.

Sentoline – C’est tout ?

Blue Ray – Oui. Sinon, on peut aussi fermer les yeux et alors, du coup, il devient normal qu’il fasse noir.

Sentoline – Hum, étrange, intéressant…

Serpentine – Pourquoi n’imaginerais-tu pas maintenant que l’air est sain ? Cela pourrait t’aider.

Blue Ray – Je peux essayer.

Serpentine – Ça a l’air tellement difficile à faire.

Alaska – C’est vrai que ça n’a pas l’air simple. Moi, pour le noir, je me dis que j’ai cinq sens et qu’en perdre un temporairement n’est pas bien grave.

Jonathan, suivi de 4P, puis d’Alaska qui quitte son vélo, se dirige vers la faille. Un air moins vicié, mais plus humide s’en dégage, ainsi qu’un léger bruit de frottement que seul Jonathan perçoit.

Jonathan – Bizarre…

Alaska – Quoi ?

Jonathan – J’ai cru entendre quelque chose. Pas sûr.

Alaska – Ah. Il y a de l’eau qui goutte un peu partout. C’est peut-être ça ? Eh, regarde, c’est une salle. On devrait y aller, c’est plus grand, ça sent moins, et grâce aux trous dans le plafond, on y verrait presque plus clair.

4P – T’as raison. Je le dis aux autres et j’éteins ton phare, OK ?

En revenant vers les autres, 4P se rend compte qu’ils sont tous figés. Serpentine dispose son index devant sa bouche pour signaler à 4P d’être encore plus silencieux. Les trois grands, à l’extérieur, discutent juste devant l’entrée close.

Grégory – J’trouve pas les sardines.

Damien – Faudrait peut-être chercher dans la rivière !

Grégory – Ah ah, très drôle…

Arnaud – Moi non plus.

Grégory – J’ai dû les oublier à la maison. Vous pouvez vous installer dans le parc ou plus bas, le temps que je retourne les cher…

Damien – Hop hop hop. Pas si vite ! Montre la poche de ton sweat.

Grégory – Bon, c’est bon. OK.


Sentoline – On dirait qu’il y en a un qui veut nous laisser le champ libre.

Serpentine – Oui, il cherche à nous aider.


Damien – C’est fini les conneries ! Vous montez la tente là et c’est tout. Moi, j’vais pisser. C’est pas vrai, ça !


Grégory – Nous en voilà débarrassés. Ras-le-bol ! Pourquoi t’obéis comme ça, toi ?

Arnaud – Barf ! C’est un bon type au fond. C’est juste qu’il ne le montre pas.

Grégory – J’aurais tout entendu !

Arnaud – Et toi ? Pourquoi t’obéis ? C’est quoi, les infos qu’il a sur toi ?

Grégory – Un truc que je veux pas que ça se sache.

Arnaud – Ah ? Un truc dont t’as honte ?

Grégory – Ouais, c’est ça. On peut dire ça.

Arnaud – Bah tu pourrais simplement dire qu’il ment, s’il le dit.

Grégory – Ouais, mais je suis pas un menteur, moi. Puis il a un Polaroid. Il s’est pas gêné pour faire une photo.

Arnaud – Ah, c’est sûr, les photos ne mentent pas.

Grégory – Crois-moi, y a rien de bon en lui.

Arnaud – Moi, j’vous trouve cool tous les deux, à votre façon.

Grégory – Bah tant mieux. Moi aussi je te trouve sympa, mais l’autre là…

Arnaud – Tiens, j’ai une idée. C’est un peu fourbe !

Grégory – Dis toujours.

Arnaud – Moi aussi j’ai un Polaroid. On prend une photo compromettante de lui à une prochaine sortie, puis vous organisez un échange. Et comme ça, on en parle plus.

Grégory – Oui, mais quoi comme photo ?

Arnaud – Faut que ce soit à la hauteur de ce que révèle celle qu’il a, alors à toi de me dire.

Grégory – Non, je peux pas.

Arnaud – T’as pas confiance ?

Grégory – Si, bien sûr. Mais c’est trop la honte. Laisse tomber. Puis, j’suis pas comme ça, moi.

Arnaud – OK, OK. Oublie ça.

Damien – J’ai loupé quelque chose ?

Arnaud – Non, rien.


Serpentine – Sentoline, penses-tu comme moi ?

Sentoline – Oui, c’est statistiquement fort probable.

Candy – On peut savoir ce que vous pensez toutes les deux ?

4P – Allez, venez. On sera mieux de l’autre côté.

Les Cosmiques se rassemblent tous dans l’autre salle, bien plus agréable que le vestibule. Ils s’assoient sur une pierre plutôt sèche, élevée du sol luisant d’eau.

Alaska – C’est chouette ici ! C’est vraiment beau comme ça fait en haut.

Serpentine – Oui, puis c’est plus respirable aussi. Tu dois être content, Blue Ray. On dirait un ciel étoilé, tous ces petits trous qui laissent passer la lumière.

Blue Ray – C’est parfait !

4P – Eh ben, on s’appelle pas les Cosmiques pour rien !

Sentoline – Savez-vous combien de temps va durer l’éclipse lunaire ?

Tous, sauf Serpentine – Non.

Sentoline – Elle finit à vingt-trois heures quatorze, donc cela fait cinq heures trente !

Jonathan – Ouah, c’est long ! Mes parents ne voudront jamais que je reste debout si tard.

Blue Ray – Les miens non plus.

4P – Moi je pourrais, par la lucarne de ma chambre.

Jonathan – La chance !

4P – Ça commence quand déjà ?

Sentoline – À vingt heures dix-huit.

Jonathan – Ça va. On pourra tous au moins voir le début.

Serpentine – Nos parents à nous nous réveilleront un peu avant.

Candy – C’est décidé. J’irais à la bibliothèque pour voir si je trouve comment fabriquer un télescope. Il y aura d’autres éclipses et ce serait top moumoute de les voir en grand !

Blue Ray – Ce serait super, Candy.

Candy – Promis, si j’y arrive, je te le prêterais.

Alaska – Je me demande s’il n’y a pas d’autres salles à explorer.

Candy – Attend, en principe j’ai une lampe torche dans ma poche. On pourra voir chaque recoin. Non, c’est pas ça (elle sort un sifflet à eau en forme d’oiseau en plastique orange). Pas ça non plus (elle sort un biberon de bonbons), mais au fait, il doit être quatre heures, non ?

Jonathan – Presque. Encore huit minutes.

Candy – Ah, je l’ai.

Candy appuie sur le bouton de la lampe et la tend à Alaska qui l’éclaire. Elle remet tous ses objets dans la grande poche de sa salopette, y compris deux billes, un tournevis et des fils de scoubidou qui sont tombés sur ses genoux.

Sentoline – C’est bien beau tout ça, mais nous sommes piégés ici.

Serpentine – Oui. Si on ne trouve pas un moyen de sortir, nos parents vont s’inquiéter.

Sentoline – Ce n’est pas grave. C’est surtout qu’ils vont nous crier dessus et que nous allons rater un phénomène astronomique exceptionnel.

Serpentine – Aussi, mais quand même.

? – Atttt… chooouum !

Un éternuement étouffé retentit dans la pièce.

Alaska – Y a quelqu’un !

Jonathan – C’est qui ?

Alaska – C’est une couverture, ça, là-bas ?

Jonathan – On dirait. Elle, elle… bouge un peu. Va voir, Alaska.

Tandis qu’Alaska s’avance, très peu confiant et le cœur battant la chamade, tous ses amis restent pétrifiés derrière lui, même Cosmo, tétanisés à l’idée de ne pas être seuls dans cette grotte devenue sinistre. Ses jambes se raidissent alors. Il peine à se mouvoir quand sort de la couverture un bras, un second bras, une tête puis finalement un corps entier. Le faisceau de la lampe pointé droit sur le visage de l’inconnu lui confère un teint blafard, aux ombres très dures, le forçant à mettre une main devant ses yeux.

Alaska – Qui qui qui… qui êtes-vous ?

? – Baisse ta lumière, mon garçon.

Alaska éclaire un peu plus bas l’étranger.

? – N’ayez pas peur. Quand vous êtes passé devant la grotte, je me suis caché.

Alaska – Pou… pourquoi ?

? – Pour ne pas être dérangé. Puis quand vous êtes rentrés, c’était pour ne pas vous effrayer. L’on m’appelait Albert.

La tension redescend un peu pour les Cosmiques. Ils ont vraiment eu très peur, la trouille de leur vie. Désormais, ils se sentent juste peu rassurés et pour certains, très intimidés. Alaska reprend ses esprits plus vite que ses compagnons.

Alaska – Moi, c’est Alaska.

4P – Vous êtes pas un fou dangereux au moins ?

Albert – N’ayez crainte. J’ai un couteau sur moi, mais c’est parce que je vidais un lapin quand vous êtes arrivés. D’où l’odeur…

4P – Ah ?! Vous êtes un chasseur alors ?

Albert – Non. Enfin, si… mais juste le nécessaire, pour survivre. Sans chien et sans fusil comme on dit.

Alaska – Qui dit ça ?

Albert – Moi. Seulement moi… Allez-vous me permettre de me joindre à vous ?

Alaska – Euh… Ça me va. Ça vous va, les Cosmiques ?

Tous – Oui.

Albert prend place sur le rocher, aux côtés de Cosmo et Brume. Il n’a pas l’air très à l’aise lui aussi. Son pantalon est tout sale et sa veste n’est pas mieux, elle est en plus arrachée au niveau de l’épaule.

Albert – Alors comme ça, vous êtes tous coincés ici avec un vieillard un peu crasseux.

Sentoline – C’est ça !

Serpentine – Veuillez excuser ma sœur, monsieur.

Albert – Non, non, aucun souci. J’apprécie la franchise. Ne m’appelle pas monsieur s’il te plaît, mais Henri.

4P – Albert ou Henri ?

Henri – Henri.

Alaska – Y a pas deux minutes, vous avez dit Albert.

Henri – J’ai dit que l’on m’appelait Albert, c’est vrai. Mais maintenant, c’est Henri.

4P – Oh, je vois, c’est un pseudo ! Comme on s’appelle entre nous. Et vous avez quel âge ?

Henri – 51 ans, 52 ans, ou un peu plus, c’est selon !

Sentoline – Selon quoi ?

Henri – Selon que nous considérons la vie débutant à la naissance, à la fécondation ou au moment où l’idée de procréer émerge.

Sentoline – Ça se tient.

Henri – Mais bon, la vie étant un cycle, nous pouvons aussi bien dire qu’elle n’a ni fin ni début et que mon âge est caduc.

À part Sentoline et sa sœur, personne ne comprend rien à ce qu’il se dit. Cet Henri est vraiment spécial dans son genre. Quand il parle, il a l’air un peu moins effrayant, mais ses propos font anormalement réfléchir. 4P n’aime pas trop ça.

Alaska – C’est beau ici. C’est chez vous ?

Henri – Merci. Oui, pour le moment. J’y suis depuis le début de l’été.

Jonathan – Il s’est passé quoi ?

Henri – Environ quatre mois.

Jonathan – Quoi ? Non. Pour que vous vous retrouviez là, je veux dire.

Henri – Ne supportant plus les normes de la société, j’ai préféré m’en extraire. Tu peux employer « tu » pour me parler.

Jonathan – Ah bon.

Henri – Assez parlé de moi, je ne sais que peu de choses sur vous.

4P – Vous savez quoi ?

Henri – Je sais que vous vous appelez les Cosmiques, que toi, c’est 4P, que le plus courageux là, c’est Alaska, qu’à côté de Brume, c’est Candy la bricole, que le petit aux cheveux longs, c’est Blue Ray et qu’en face de moi, il y a Sentoline et sa sœur. Ah, et aussi, que celui qui apprécie mes caresses, c’est Cosmo !

4P – Eh ben, tout ça ! Vous avez une bonne tête, comme les Sœurs Lumière.

Henri – Les Sœurs Lumière ? Bien trouvé !

Serpentine – Moi, c’est Serpentine et lui, c’est Jonathan.

Henri – Enchanté ! Dites-m’en plus sur vous.

4P – C’est qu’on doit pas trop parler aux inconnus…

Henri – Ah. Cela est fort dommage. Avec cette règle, vous resterez des inconnus toute votre vie.

Sentoline – C’est juste.

Henri – Je sais. Bien, je ne vais pas vous déranger davantage. Je vais retourner dans mon coin, sous ma laine. Faites comme si je n’étais pas là.

Jonathan – Non. Vous pou… tu peux rester avec nous. 4P dit des trucs des fois, il ne se rend pas compte.

Alaska – Oui, oui. Hein, 4P ? C’est déjà bien qu’Henri nous héberge un peu.

4P – Bon, c’est vrai. Excusez.

Henri – Aucun souci. Ici, c’est chez moi, mais c’est aussi chez vous, vous savez. C’est chez qui le veut en fait, il suffit de trouver l’entrée. Jonathan, ce n’est pas un pseudonyme, me trompé-je ?

Jonathan – C’est mon vrai prénom.

4P – On a bien tenté de lui en donner un, mais ils sont pas assez bien pour lui.

Jonathan – Ginette, Nachos ou encore Été Indien, tu parles de pseudos !

Henri – Ginette ou Nachos, je peux encore comprendre, mais Été Indien ? Il faut m’expliquer.

Les Cosmiques sont alors pour la plupart morts de rire. L’atmosphère est dorénavant parfaitement détendue.

Jonathan – Comment ça tu comprends Ginette et Nachos ?!

Henri – Je te fais marcher !

Jonathan saisit aussitôt l’humour de la situation et s’en amuse aussi.

Jonathan – Été Indien, c’est parce que je porte des débardeurs, même en automne. La preuve…

Henri – Bien trouvé comme nom. Comme si l’été se poursuivait juste pour toi. Et tu n’as pas froid ?

Jonathan – Non, ça va. Voir une couverture bouger m’a donné un petit coup de chaud tout à l’heure.

Henri – Ah, ah, ah ! Et vous, les Sœurs Lumière, vos noms sont des pseudonymes ?

Serpentine – Non. Ce sont ceux que nous ont donnés nos parents. Qu’en pensez-vous ?

Henri – C’est chouette ! Original. Et vous autres, que signifient vos pseudonymes ?

4P – Four p, ou quatre p en français, mais c’est naze. Ça veut dire Petits Poings Plusieurs Pains !

Henri – Ah, ah, ah ! Elle est bonne celle-là. Bien pensé, bien pensé… 4P la castagne ! Blue Ray ?

Blue Ray – Rayon bleu.

Henri – Rayon bleu, rayon bleu… Ça me fait penser à la Lune qui éclaire la nuit, tout est un peu bleu.

Jonathan – Bien joué, c’est exactement ça !

Henri – Très beau pseudonyme, Blue Ray. Il reste Brume, Candy et Alaska. Cosmo aussi. Quel bon chien !

Brume – Quand tu dis que la vie est un cycle, ça signifie quoi au juste ?

Henri – Bonne question. Pour faire très simple, les feuilles des arbres tombent, se décomposent et nourrissent le sol duquel peut sortir d’autres végétaux. Vois-tu ?

Brume – Oui. Mais pour mon arrière-grand-mère… qui est morte ?

Henri – C’est à peu près la même idée. Elle permettra à la vie de jaillir.

Brume – Alors pourquoi tout le monde s’habille en noir et pleure aux enterrements ?

Henri – Ça, je ne sais pas. Je pense que l’on devrait célébrer la mort autant que la vie, mais les gens semblent ne faire ni l’un ni l’autre. Ce sont les personnes comme toi, comme vous toutes ici, qui peuvent changer cela.

Jonathan – Comment ?

Henri – En restant vous-même. Ne devenez jamais ce que l’on attend de vous.

Jonathan – On deviendrait comme toi, non ?

Henri – Des clochards ? Peut-être, et alors ?

Blue Ray – Quand j’ai ramené mon bulletin de notes, mon père a dit que je finirai clochard.

Henri – La société dans toute sa splendeur… Ne t’inquiète pas, Blue Ray. Aucun chiffre sur un bout de papier ne peut prédire ton avenir. Moi par exemple, j’ai eu plein de diplômes et tout le monde s’accordait à dire que j’étais très intelligent… Et voilà où je suis, là, parmi vous, à discuter de la vie. C’est simple, c’est beau. Non ?

Jonathan – C’est vrai, oui. Mais tu ne dois pas t’amuser tous les jours.

Henri – Effectivement, mais les moments difficiles rendent encore meilleurs ceux qui sont agréables. Après tout, la vie n’est harmonieuse qu’en équilibre.

Le cerveau de 4P tourne à plein régime. Quant à Blue Ray, il se sent rassuré. Sa nature à toujours rêver fait que le monde pour lui est rarement identique à celui des autres. Il n’est pas idiot, paresseux ou même inutile, il est différent. Les mots d’Henri le confortent à penser cela, même s’il n’en comprend pas parfaitement toute la teneur, toute l’ampleur. Brume se lève.

Brume – J’ai oublié ma cape de l’autre côté, je reviens.


Serpentine – Croyez-vous que Brume aille bien ?

Remarquant les murmures depuis le vestibule, Brume tend l’oreille et écoute secrètement la conversation.

Alaska – Cosmo l’a consolée tout à l’heure. Je crois que c’était de la tristesse, pas de la peur.

Jonathan – Puis elle y tient à sa cape, elle a brodé les petites croix elle-même ! J’crois pas qu’elle l’aurait oublié.

Blue Ray – Moi aussi.

Serpentine – En même temps, elle a perdu une personne qu’elle aime. C’est normal d’être triste, n’est-ce pas ?

4P – Oui, mais si j’ai bien suivi, elle avait plutôt l’air de penser qu’il fallait faire la fête aux enterrements, comme Henri l’a dit.

Jonathan – C’est vrai. Et elle adore les trucs… euh…

Henri – … funèbres ?

Jonathan – Voilà. Enfin, on s’inquiète peut-être pour rien. Après tout, elle récupère sa cape, là.

Henri – Je crois que le meilleur moyen de comprendre ses amis, c’est encore de les questionner directement.

Cette phrase met tout le monde d’accord. Brume revient s’installer avec de nouveau sa cape sur les épaules. Henri lui fait un clin d’œil complice. Il savait qu’elle écoutait.

Henri – C’est une jolie cape !

Brume – Merci. J’ai suivi des étapes dans un magazine. C’était pour faire des fleurs, mais on peut faire tout ce qu’on veut.

Henri – Beau travail !

Candy – Tu me montreras comment tu fais ?

Brume – Avec plaisir, oui ! Vous savez, les croix, les chauves-souris, la mort et tout ça, c’est juste parce que je trouve ça amusant. Puis aussi, il y a un film que j’ai trop envie de voir avec vous, parce que ça a fait peur à ma sœur et ses amies, alors qu’elles ont quinze ans !


Alaska – Humm, pourquoi pas !

4P – Ça peut être marrant.

Jonathan – Ah la la, ça va donner la trouille c’est sûr ! C’est quoi le titre ?

Brume sort un petit carnet de son pantalon.

Brume – C’est « Evil Dead » ! J’ai noté le texte qu’il y a sur la cassette : « La nuit des démons. Pourrons-nous les arrêter ? Ce film est conçu pour vous arracher hurlement après hurlement, du plus profond de l’âme et des entrailles… ». Trop mortel, non ?

Serpentine – Rien que le résumé donne des frissons !

Sentoline – Wouh la la la la. Je me dois de voir ça, ne serait-ce que pour mieux appréhender la psyché humaine.

Blue Ray – Ça va faire peur !

Brume – Je sais, je sais. Mais si c’est trop, on se blottira ensemble. Et aussi, on pourra fermer les yeux. Alors, alors ?

La passion de Brume ne laisse place à aucune hésitation.

Tous – Cosmiques !!!

Et ils posent leurs mains les unes sur les autres, devant Henri qui les regarde.

Brume – Vous êtes supers !

Jonathan – Pose ta main sur les nôtres, Henri !

Très ému par cette forte amitié qui plane juste sous ses yeux, Henri se laisse aller à une petite larme. Sa main, comme possédée, part rejoindre le haut de la pile sans même qu’il ne s’en rende compte.

4P – On fait pareil que l’autre fois. Tous chez moi demain après-midi. Pour c’ui-là, on tirera les rideaux, hé hé ! OK ?

Tous, sauf Henri – OK !

Henri – Sans moi, les Cosmiques ! Mais vous me raconterez comment c’était, OK ?

Tous – OK !

4P – T’es des nôtres, maintenant !

Sentoline – Il faudrait vraiment que nous échafaudions un plan pour sortir d’ici.

Serpentine – Oui. Cela devient pressant.

Jonathan – Des idées ?

Alaska – Un autre passage, peut-être ?

Henri – Non, aucun.

Blue Ray – On pourrait creuser et sortir plus loin.

Candy – Me regardez pas comme ça, je n’ai pas de pelle dans ma poche !

Blue Ray – Une pioche, alors ?

Candy – Mais non ! J’suis pas un kangourou !

Henri – Ah ah ah, je n’ai jamais vu un kangourou avec une pioche !

Candy – Euh, mais non.

Blue Ray – On peut essayer de passer par le plus gros des trous, là-haut.

Alaska – C’est juste un coup à mourir.

Blue Ray – On fait une corde d’escalade avec nos habits.

Serpentine et Sentoline – Pardon ?

Blue Ray – Oh, puis non.

Candy – Il y a de l’eau et j’ai mon oiseau chanteur. Ça peut servir, n’est-ce pas ?

4P – Ah ouais, sûrement ! Excellente idée. T’assures, Candy !

Jonathan – Comment ?

4P – Aucune idée !

Sentoline – Attendez, attendez. Henri pourrait nous aider.

Henri – Moi ?

Sentoline – Oui. Tu es un adulte. Et les adultes, ça peut impressionner. Tu pourrais sortir, leur dire qu’ils n’ont pas le droit de rester devant ta maison. Sinon… Sinon… Sinon, tu appelles la police !

Tous les petits visages se braquent sur Henri.

Henri – Non, non, non. Je ne peux pas faire ça !

Sentoline – Mon plan est parfait, alors pourquoi ?

Henri – Déjà, j’ai l’air un peu maigrichon. Je n’intimide pas beaucoup. Ils pourraient même être tentés de me donner des coups. Ensuite, il est évident que je n’ai pas le téléphone dans ma maison, comme tu dis. Et enfin, j’ai vu assez de monde pour aujourd’hui ! Et enfin numéro deux, je ne suis pas du genre à fricoter avec la police, ça se voit au premier coup d’œil.

Alaska – C’est vrai que ça ne passera pas, le coup du téléphone.

Sentoline – Hum. Il me faudrait ajuster davantage les paramètres.

Blue Ray – Et le miel ?

Tous – Le miel ?

Blue Ray – Oui ! On fait comme s’il y avait un ours.

Henri – Mais encore ?

Blue Ray – Il grogne, il grogne. Ses grosses pattes font beaucoup de bruit. Le sol tremble. De la terre tombe des pierres. Même qu’elles bougent. Il va sortir.

4P – Eh ouais ! Pas mal !

Sentoline – Le plan ultime !

Brume – Machiavélique !

Candy – Y a pas de miel dans ce plan ?!

Henri – Qui va grogner ?

Tous – Toi !

Henri – Ah ?! Voyons voir… J’ai la voix plus grave que vous, plus de coffre aussi ! Je n’aurais pas à sortir, ils seront partis avant. Ce n’est pas très compliqué à mettre en place. Bon… Alors… C’est d’accord.

Jonathan – Super, Henri ! OK ! Faut s’organiser maintenant !

Henri – Pas si vite. Avant tout, j’ai une petite requête.

Les Cosmiques sont coupés dans leur élan. Henri avait pris un air très sérieux pour formuler cette phrase. Que pouvait-il bien vouloir ?

Alaska – Oui… Qu’est-ce que c’est ?

Henri – Enfin, petite

Pour faire monter le suspens, le vieillard laisse s’installer le silence durant quelques secondes, comme s’il hésitait à poursuivre. Que peut bien être cette requête ? Elle doit être d’une importante importance, c’est sûr ! Cela se voit à son regard, aux plis sur son front et dans sa barbe.

Henri – On goûte ?

Candy – Wooohouu ! On a failli oublier !

Jonathan – C’est pas commun ça ! Sors les boules coco, Alaska !

Alaska – C’est en route ! Voilà, tenez. C’est deux chacun. Prends une des miennes, Henri !

Henri – Merci !

Brume – Et une des miennes aussi !

Henri – Quelle chance !

Les Cosmiques se régalent et passent un moment inoubliable ensemble. Ces boules savoureuses fondent dans leurs bouches avec aisance, c’est délicieux. Candy donne quelques-uns de ses bonbons à Brume et Alaska, pour compenser. Le petit repas sucré se passe tout en silence.

Henri – Alors, que s’est-il passé avec ceux qui vous veulent du mal ?

Jonathan – Il y en a un qui a insulté 4P de je sais plus quoi.

4P – Impubères, un truc comme ça. Et d’abord, il nous a tous insultés.

Jonathan – Voilà. Et après ça, il lui a frotté le menton. 4P n’a pas toléré, il l’a tapé et l’autre est tombé par terre.

Henri – Et maintenant, il vient se venger avec ses acolytes.

Sentoline – Exactement.

4P – Mais c’est quoi ce mot, là, impubère ?

Henri – En gros, c’est quand on n’a pas encore de poils sous les bras.

4P – Ah !? Ben, c’est vrai, ça. Qu’est-ce que j’irais faire avec des poils sous mes bras ?

Henri – Ça, je ne sais pas…

4P – Mais donc, il m’a pas insulté.

Sentoline – C’est bien ce que je disais tout à l’heure.

Henri – Il t’a quand même chatouillé le menton.

4P – C’est vrai. Il l’a bien mérité !

Henri – Mais est-ce que tes amis ont mérité de se trouver en danger aujourd’hui ?

4P – Ouais, c’est nul, je sais. Excusez, les Cosmiques. Mais bon, on s’en est sorti. Puis aussi, j’aurais dû faire quoi ? J’ai réfléchi un minimum avant de foncer tête baissée dans son bide ! Il le méritait, vous êtes d’accord ?

Brume – Oui. Autrement, ça n’aurait pas été juste !

Jonathan – Bien dit !

Henri – Après tout, vous avez raison. Il ne faut pas se laisser faire.


Jonathan – Allez, on s’y met ?

Sentoline – Oui ! Henri, tu grogneras doucement au départ, puis de plus en plus. Il faudra à la fin que tu aies l’air enragé.

Henri – Facile !

Sentoline – Blue Ray et Serpentine glisserons du sable et des cailloux par des petits trous le temps qu’Alaska, Jonathan et 4P font bouger les pierres. Attention, sans les faire tomber. Et il faut que cela ait l’air naturel. Il faudra aussi que vous surveilliez comment ils réagissent.

Alaska et Blue Ray – D’accord.

Jonathan – Pas de problèmes.

Serpentine – Entendu.

4P – Les doigts dans le nez !

Sentoline – Candy et Brume, vous aurez pour but de faire les pas lourds de l’ours. Je ne sais pas encore comment… Avec la couverture d’Henri… Non, ça claquerait au lieu de faire un bruit sourd.

Candy – Et si on sautait simplement à pieds joints, en même temps ?

Sentoline – Pas mal, mais il faut une rigoureuse synchronicité. Vous resterez près de l’entrée, pour que ça s’entende mieux de dehors. Au début doucement, puis de plus en plus fort.

Brume – Ça marche !

Sentoline – Moi, du coup, je vais sauter aussi et coordonner le tout. Je lèverais les bras, et quand ils retomberont, comme ceci (elle fait une démonstration), on jouera tous notre rôle ; le bruit des pas, puis le tremblement. Ça vous va ?

Blue Ray – Oui.

Sentoline – Il faudra donc le faire plusieurs fois. Les trois garçons aux pierres, s’ils se lèvent et viennent vers nous, vous faites un signe. OK ?

Alaska, Jonathan et 4P – OK !

Sentoline – Quand ils feront un signe, nous improviserons notre mort. Des cris et des cris, du plus profond de l’âme et des entrailles !

Candy – Tu gères, Sentoline !

Brume – Du génie !

Jonathan – C’est parti ! Chacun à son poste.

Blue Ray – Pourvu que ça marche.

Serpentine – Oui, je croise les doigts !

Quelques ronflements discrets parviennent aux oreilles des collégiens assis sur un plaid, devant leur tente. Trois bouteilles de bière, vides, reposent au bout de leurs pieds. Ils entament chacun leur seconde, sans vraiment en profiter, car ils sont aux aguets.

Arnaud – C’est ton ventre bien plein qui fait de drôles de bruits ?

Grégory – Euh non, j’crois pas.

Arnaud – C’est bon la binouze. Moi, j’en bois tous les jours, des brunes, des blondes, alors j’ai un peu l’habitude. C’est pas toi, Damien ?

Damien – Non. Moi aussi, j’ai l’habitude.

Grégory – Ah oui ? Depuis quand ?!

Arnaud – Crois-moi mec, t’as pas l’air d’avoir l’habitude.

Damien – Eh ! Je vous dis que j’bois comme un trou. Alors lâchez-moi, les minus !

Arnaud – Ah ! Regardez. La pierre s’effrite maintenant.

Damien – Eh ben voilà, ils se décident enfin à se rendre, les petits bébés à leurs mamans.

4P fait signe à ses amis. Les collégiens se lèvent. Ils s’avancent tranquillement vers eux.

Grégory – C’est bizarre. Ça fait comme des bruits de pas.

Arnaud – Ouais, c’est louche !

Candy délivre alors un cri de terreur si aigu que tout le monde se bouche les oreilles. Grégory, Damien et Arnaud se figent net.

Jonathan – Candyyyyyyyy ! Nonnnnnnn !

4P – AAAAAAHHHHHH ! Ma jambe, ma jambe !

Alaska – Au secours. J’te lâche pas, 4P !

Tous les autres Cosmiques, hormis Henri qui pousse de terrifiants grognements, gémissent et hurlent à la mort de toutes leurs forces, tout en poursuivant la simulation des secousses. Cosmo participe aussi en lançant quelques jappements, aboiements et petits cris plaintifs.

Damien – Mais ! Mais c’est quoi ce bordel ?

Arnaud – J’crois… J’crois… que c’est un ou… un ours !

Grégory – Qu’est-ce qu’on fait… qu’est-ce qu’on fait ?

La panique prend de court les trois collégiens. Arnaud et Damien fuient à toutes jambes, loin, très loin ! Grégory pense à aider les petits, du moins ceux qui restent en vie. Cependant, il ne se sent pas du tout à la hauteur. Vu le vacarme prodigué par cet ours, il y a fort à parier qu’il est en méga-pétard ! Mais d’un seul coup, plus aucun Cosmique ne fait de bruit. La conclusion qu’ils sont tous morts lui glace alors le sang.

Alaska – Y en a plus qu’un. Les autres sont partis en hurlant de trouille.

4P – Yes !

Serpentine – Lequel reste-t-il ?

Jonathan – Viens là, par mon trou on voit bien.

Serpentine – C’est celui qui voulait nous aider.

Sentoline – D’accord. Arrête, Henri, c’est fini !

Henri battait encore des bras, se tapait sur la poitrine et grognait avec une force à la fois insoupçonnable et démesurée. Il venait de jouer son rôle à la perfection !

Alaska – Vraiment trop fort, Henri. Quelle performance ! Même moi j’avais les chocottes.

Jonathan – Oui. C’était tellement réaliste ! Et le cri de Candy… Un truc de fou !

4P – Pourquoi on s’arrête ? J’vous signale qu’il en reste un.

Serpentine – Il voulait nous aider, celui-là. On ne craint plus rien. Je vais lui parler.


Serpentine – Eh, toi, dehors. N’ait pas peur. Nous allons tous bien, ici. Nous sortons.

Grégory reprend lentement ses esprits tandis que les grandes pierres plates devant le trou se déplacent pour laisser apparaître tous les enfants, sains et saufs. Henri reste en retrait et éponge son front en sueur avec sa manche. Cette aventure l’a bien réchauffé.

Grégory – Mais… mais… C’était quoi tous ces cris ?!

Sentoline – Une simple simulation de la présence d’un ours qui nous dévore les uns après les autres !

Grégory – C’était complètement dément ! J’y ai vraiment cru, vous savez.

Sentoline – Nous avons ainsi pu nous en sortir sans nous faire taper dessus. Oh ! Excuse-nous.

Sentoline vient de remarquer le pantalon de Grégory, mouillé à l’entre-jambes. Il place alors ses mains aussitôt devant, très gêné.

Serpentine – La photo que possède ton frère est sur ce thème ?

Grégory – Co… Comment vous savez ça ?

Sentoline – Nous avons entendu la conversation avec celui qui n’est pas ton frère.

Grégory – Ah ! Avec Arnaud.

Sentoline – Avez-vous une chambre pour deux chez vous ?

Grégory – Euh… oui.

Sentoline – Alors il est envisageable qu’il garde toujours la photographie avec lui. Dans les poches de son pantalon, elle se détériorerait vite. Il est donc très probable qu’elle soit restée là.

Sentoline désigne du doigt l’emplacement où est dressée la tente et la couverture quadrillée.

Grégory – Ça alors, t’es maligne, toi !

Jonathan – On ne devrait pas partir en vitesse ? Avant que les autres ne reviennent ?

Serpentine – Si la photo est ici, alors je pense que l’on ne craindra plus rien.

Sentoline – Exact ! Puis il n’y a pas d’autre choix que de passer par où nous venons. Ils pourraient nous attendre plus bas et même nous voir redescendre.

Jonathan – C’est bien vrai, ça.

Grégory – Que je la retrouve ou pas, je vous promets de vous aider.

Sentoline – Pourquoi le ferais-tu ?

Grégory – Parce que vous essayez de m’aider. Puis, vous ne vous moquez pas, vous avez l’air sympa…

Grégory cherche dans le sac à dos de Damien, dans la petite pochette avant.

Candy – Alors ?

Grégory – Non, pas là. Peut-être dans son agenda. Non… Ça n’a pas l’air. Tiens, intéressant…

Candy, Jonathan et 4P – Quoi ?

Grégory – Il y a la liste des gens qui lui doivent des services parce qu’il leur passe les corrections des devoirs qu’il a eus les années précédentes. Dedans, il y a Arnaud… Ben c’est du propre ! Bon. Il ne reste plus que sa veste.

Candy – Alors, alors ?

Grégory – Bingo !

Le garçon déchire aussitôt l’image en petits morceaux.

Grégory – Ouuuf !

4P – Ayé, ça va mieux ?

Grégory – Oui, c’est certain ! J’me sens libre. Je passe faire trempette vite fait à la rivière et après, on retourne au village. C’est ce que vous voulez ?

Brume – Oui, c’est ça.

Alaska – Super, merci !

Cosmo – Wouf !

Grégory – Il est trop beau votre chien !

Serpentine – Pouvons-nous démonter la tente et refaire les sacs en attendant ? Le soleil va assez vite descendre.

Grégory – Oui, bien sûr. Mais juste mon sac, celui-là. La tente et tous les accessoires vont dedans. Le reste peut rester là. Ils rangeront eux-mêmes leurs affaires, les deux autres…

Brume – Normal ! Qu’ils paissent des bouts de verre en enfer.

Grégory – Hein ? Pas tant, si ?

Grégory part en courant vers la rivière tandis que les huit enfants s’occupent de préparer le retour. Leur organisation étant impressionnante, cela se fait à la vitesse de l’éclair. Pendant ce temps, Henri donne quelques caresses à Cosmo, tout en regardant ses nouveaux amis s’activer.

4P – Bon, Henri, t’es sûr que tu viens pas chez moi demain ?

Henri – Oui, oui. Je ne peux pas traîner avec vous comme ça. Les gens vont me juger. Et peut-être même m’emmer…, enfin… me parler.

Sentoline – Finalement, tu ne t’es ni extrait de la société, ni resté tel que tu es.

Henri – Oui, c’est vrai… c’est vrai. Ça vous donne au moins une idée de qui je suis et ce à quoi j’aspire. Mais bon, que direz vos parents s’ils vous voyaient traîner avec un vagabond ?

Jonathan – Tu marques un point ! Ils ne trouveraient pas ça normal.

Serpentine – Oui, pas du tout, même !

4P – J’avoue…

Henri – Voilà. Et s’il vous arrivait quelque chose, je serais directement responsable. Vous comprenez ?

Brume – C’est tellement injuste !

4P – Ouais. Je comprends bien. C’est pas marrant d’être adulte.

Henri – Ça, tu l’as dit, 4P. Donc, vous pouvez venir ici quand vous voulez. Je pars à la fin de l’année pour voir du pays. En tous cas, je ne vous oublierai pas.

Sentoline et Serpentine – Pareil pour nous !

Blue Ray – C’est sûr ! Merci, Henri.

Brume – Oui, merci beaucoup, Henri.

Alaska – On a passé un super moment ensemble.

Candy – Oui, c’était super cool !

Jonathan – Les Cosmiques, on revient dimanche, OK ?

Tous – OK !

4P – C’est bientôt les vacances en plus. On pourra t’embêter autant qu’on veut !

Henri – Moi aussi alors !

Brume – Tiens, Henri, je te laisse ma cape pour que tu aies bien chaud.

Henri – Tu es sûre ? Merci Brume.

Candy – Et prends mon biberon bonbons aussi. T’adores les sucreries !

Henri – Ah ah ! T’es adorable, merci.

Serpentine tend alors sa main devant elle et les autres viennent dessus pour former une pile.

Tous – Cosmiques !

Alaska – Tiens, il revient.

Henri – Allez, je vous laisse partir. On se dit à après-demain, les Cosmiques !

Grégory n’a pas eu le temps de rencontrer Henri. Il s’est trempé jusqu’à la taille pour masquer son petit problème passé. Le ciel commence à prendre des couleurs roses et les épars nuages se teintent d’or et de saumons. Le crépuscule est là.

Grégory – Voili voilou. Merci pour le rangement. On y va ?

Jonathan – C’est parti, on te suit !

La descente à vélo se fait bien plus facilement que la montée. Si tout se passait bien, les Cosmiques rentreraient chez eux à une heure jugée raisonnable par leurs parents. Plus bas, près de leur cachette, se tiennent Damien et Arnaud. Grégory et la bande évitent le centre de la clairière pour ne pas trop être importunés.

Damien – Ah, les morveux ! Y’en a pas un qu’a crevé ! Eh, frérot ! Tu fais quoi, là ?!

Grégory – Je rentre.

Damien – T’as intérêt à au moins me ramener le p’tit merdeux !

Grégory – Nullement !

Arnaud – Et nos affaires, mec ?!

Grégory – Je les ai pas ! À plus dans l’bus !

Damien – P’tit enfoiré ! Tu vas voir, dès lundi au collège, c’est l’hu-mi-lia-tion !

Grégory – C’est ça, ouais. Eh, les Cosmiques, c’était flippant les bruits de l’ours tout à l’heure. Qui l’a imité ?

4P – Oh, ça… un ami à nous.

Grégory – Ah… OK. Au fait, si mon frère vous cherche encore des noises, faites-moi signe. Moi, c’est Grég.

Jonathan – On y pensera. Merci Grég !

Grégory – Ça va être gai ce soir. Il a sûrement bousillé le vélo de notre petite sœur… Bon, on se quitte ici. J’habite par là-bas, vers le chemin de fer. Merci pour le coup de main.

Le collégien quitte les Cosmiques. Cosmo court un peu après, pour lui dire au revoir, avant de revenir vers Alaska. C’est un très bon chien ! La bande d’amis se scinde ensuite au fur et à mesure pour rejoindre leurs maisons respectives.

4P – À demain aprèm chez moi les Cosmiques !

Serpentine – Bonne éclipse, 4P !

Après le dîner, les Cosmiques au complet se sentent liés par la Lune, sous leurs yeux, qui s’efface progressivement du ciel. Alaska joue de l’harmonica pour Cosmo, Candy, Serpentine et Sentoline qui habitent dans la même ruelle. Henri pose la cape sur ses épaules et prend quelques bonbons au dessert. L’astre semble apporter beaucoup d’amour et de bienveillance et, malgré le froid qui s’installe et sa lumière qui décroît, diffuse une douce chaleur dans leurs cœurs. Les étoiles brillent davantage lorsqu’un frisson traverse Blue Ray. Son futur peut être meilleur que ce qu’en dit son père. Jonathan constate qu’il a dix ans et que s’il vit jusqu’à cent ans, il a encore dix fois sa vie passée à parcourir. Cela le rassure, car des journées avec ses amis, il veut en emprunter autant qu’il y a de points qui scintillent dans le noir.

Fin


Cette nouvelle ne donne pas explicitement la date de cette aventure. Nous savons que c'est un vendredi d'automne, mais serais-tu capable de trouver la date précise : numéro du jour, mois et année ? Pour vérifier ta réponse, c'est ici.